Tsehay naquit en Éthiopie, dans le Royaume de Méroé d'un père chaman et d'une mère guérisseuse. Proches de la nature et des défunts, ils lui inculquèrent le respect qu'ils méritaient. Leur existence pacifique se brisa en 350 après JC. De nombreuses incursions du royaume d'Aksoum attaquèrent la communauté, décimant hommes, femmes, enfants.

Tsehay perdit conjointement son père et sa mère, lors de cette attaque létale. Grâce à leur sacrifice, il parvint à s'échapper loin des envahisseurs.

Lorsqu'il se retrouva à distance raisonnable, des guerriers rompus à l'art de la guerre, il invoqua l'âme de ses défunts parents. Arborant un sourire apaisé, ils l'incitèrent à abandonner toute envie de mourir ou de chercher à obtenir vengeance avant de partir en paix.

En dépit de son immensurable chagrin, il se rendit en Nobatie, pays ayant émergé après la chute du royaume de Méroé. Cinq ans s'écoulèrent. Il rencontra une femme éblouissante par son sourire, par la bonté de son âme. Sa chaleur, sa compassion, sa douceur provoquaient les battements de son cœur.  Bien qu'elle ne dispose d'aucune essence magique, il l'épousa. De leur union, naquit deux filles.

Sa famille le combla de bonheur. Leur existence chassait les ombres de son passé. Il pensait que son heur durerait éternellement. Cependant, son épouse tomba malade. Le mal qui la frappa la rongeait de l'intérieur. Elle s'éteignit en 378, à quarante sept ans.

En 395 et 397, le deuil frappa à nouveau. Ses très estimés enfants périrent. Les corps rejoignirent le sein de la terre. Par refus de perdre des êtres chers, à nouveau, alors qu'il subsisterait encore de nombreux siècles, il choisit de s'isoler, de vivre en ermite, à la frontière du royaume.

En 398, résonna en son être, un appel impérieux. Ne pouvant y résister, il quitta la Nobatie. Son voyage dura deux longues années. Parvenu à destination, l'incitation disparue. Résonnait en lui, une intime certitude : il n'était pas là par hasard. Cette conviction et la présence d'onze autres mageias l'attestaient. Ensembles, ils fondèrent un petit hameau de pêcheurs. A cause des invasions barbares, de nombreux habitants de la région affluèrent. Au fil du temps, la petite bourgade se transforma en véritable cité. Elle devint Venise.  

Ensemble, ils prirent le pouvoir, en tant qu'êtres humains et non Mageias. Avec sa nouvelle fonction, Tsehay changea son nom en Zacharia. Le temps passa. La vie vénitienne provoqua des tensions entre les membres fondateurs. Toujours impassible, Zacharia essayait de rompre les désaccords. Il leur rappela qu'ils ne devaient pas briser leur promesse. Il ne put empêcher le départ de certains des membres éminents, malgré sa rhétorique et ses argumentations.  

Bien que ceux-ci quittèrent Venise, ils restèrent en contact. Dans l'ombre, Zacharia, avec ses affiliés, œuvra pour l'indépendance de Venise et pour la bonne pérennité de leurs secrets.

Le déclin militaire de Venise, entamé dans le courant du XVe siècle, inquiéta les mageias. A nouveau, des membres fondateurs quittèrent Venise. Bien que cela le désole, Zacharia resta fermement ancré sur sa position : il devait rester.  

Le chaman déprécia fortement la chute de Venise et la fin de son indépendance. Cela sonnait comme un glas, un danger à ce qui demeurait caché. Pourtant, aucun d'entre eux ne cherchèrent à lutter contre les autorités autrichiennes.   

L'An 1848 brisa l'entente entre les douze membres fondateurs. Malgré ses tentatives de convaincre ses pairs à rester discret, pour le maintien de leurs secrets, il fut décidé par la majorité de lutter pour l'indépendance.

Zacharia ne participa pas à l'offensive. Pour son déplaisir, il déplora la perte de nombreux mageias, ayant ardemment combattus les autrichiens.

Lorsque la paix revint, par la signature du traité en 1866, le chaman espéra que l'accalmie cesse. Trop de morts étaient à déplorer.

En 1888, l'arrivée de Bélial, en tant que maire de Venise, présageait que ce qu'il craignait par dessus tout s'était réalisé. Par crainte de la Colère, il se cacha en Italie, dissimulant aux yeux du monde, son existence.